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6 mars 2007

On the road.

Aper_u

[en hommage à une chroniqueuse "métropolitaine" hors-pair]

Je m'engouffre dans le tunnel qui mène aux quais de la Gare Centrale de Bruxelles. Encore une journée qui s'achève sous un ciel plus triste que jamais. Ci et là, les clochards végètent, assis, une bière à la main. Une femme de race africaine, bonne âme, marque une pause dans son train-train quotidien et tend une miche de pain à l'un d'eux. Un sourire s'échange. A cette heure de la fin de journée, les couleurs sud-américaines envahissent ce couloir à courant d'air. Les murs se parent de tissus peint à la grâce du soleil et de la nuit, de la nature et des dieux. Mon nez est titillé par les parfums orientaux de l'encens qui s'échappe en délicates volutes de fumée. Attrappe-rêves et quantités d'autres bibelots s'exposent sur les étals qui courent de part et d'autre. Derrière sa table, M. Bibelot réchauffe ses mains à coups de tasses de café brûlantes. Un peu plus loin, un Péruvien, guitare à la main, tape la mesure à contre-sens de Pauline qui chante dans mes oreilles.
Virage à droite.
Les gens se pressent, lèvent les yeux pointant du doigt l'heure imminante du départ. M. Chef-Coq s'affaire aux fourneaux, nourrir cette foule consommatrice à coups de pizzas, gauffres et autres réjouissances. M. Assis-avec-son-journal lève les yeux pour la troisième fois en une minute pour s'assurer que les secondes ne se sont pas faites plus rapides. Mme Parapluie s'engouffre à son tour, les yeux hagards, hésitante, le manteau détrempé, traînant derrière elle un sillon humide. Son pas s'accélère, c'est bon. Voie 6. Je la suis. Le petit joue sur le quai, dans son manteau trop grand, la capuche recouvrant ses yeux. Mais peut importe, il s'en fout lui, seul l'occupe le berlingot de lait transformé en ballon de football. A quelques enjambées, une jeune fille trop épaisse camoufle ces jambes dans des bas rouges trop voyants. Le contrôleur, trop maigre, flotte dans son uniforme, le vent révèle des membres trop droits, soulève sa casquette avec malice. Ouf une main pour la rattrapper. Merci le réflexe. Je m'immobilise, les yeux rivés sur le bout du quai. Je m'évanouis dans ma différence, me fait invisible. Les autres passent et repassent, évitant de me bousculer au dernier moment. Surtout ne pas bouger, on ne me voit plus. Je porte mon regard au-dessus des rails. Mille questions fusent dans ma tête. Je ferme les yeux, chasse ce qui m'embrume, les rouvre. De l'autre côté, un à un, chacun prend rendez-vous avec son monde, les extensions acoustiques enfoncées dans le creux de l'oreille. Un train passe, pas le bon. Mes cheveux se soulèvent, mes yeux s'arrachant des larmes de froid, et se reposent sur mes épaules. Un autre train entre. Cette fois c'est le bon. Je ne bouge toujours pas, la porte s'arrêtera devant moi, je l'ai décidé, j'ai calculé, parié. La porte s'arrête devant moi, gagné. Stupide jeu. La marée humaine s'entasse près à rentrer dans l'engin, pour aussitôt se dégager à coups de coudes pour laisser sortir la marée sortante. Ma gorge tire. Je monte et prend place dans ces fauteuils qui me semblent toujours miteux, n'osant poser ma tête sur la vitre, il fait sale. Pas de place pour mes jambes, M. Voyage en face m'encombre de sa valise. Mes yeux vont et viennent de mots à la vitre maculée de pluie au travers de laquelle je devine les noms des arrêts me menant à destination. Encore une journée de passée. Musique sur pause. Sous la pluie.
Voiture et puis maison.
Ouf.

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Commentaires
J
je viens de t'envoyer un message e-mail suite au com que tu as déposé sur l'avant-dernière note de mon blog
L
Des pensées douces qui s'envolent vers toi
J
peut-être un jour dans la seconde quinzaine de juillet...
A
>Charlottofraise, si tu m'envoies le soleil, alors je dis oui, sans problème :)<br /> <br /> >Through, merci à toi ;)<br /> <br /> >Jef, merci bien ! Une petite virée au plat pays alors? <br /> <br /> >Lolo, oui, un microcosme, c'est bien le mot qui me vient, et la subtilité c'est de réussir à se trouver dans ce microcosme tout en s'en extrayant pour mieux l'observer. <br /> <br /> >Dumby, faudra que tu me décrives un bistro, je n'y mets jamais le pieds ;)
D
tout a fait d accord avec lolo...je prends le bus tous les jours actuellement pour aller au boulot et meme si c est toujours un peu chiant, qu il y a du monde, qu il est en retard...au moins ca vit ! plein de chose a regarder, a apprendre, genial.<br /> c est un peu comme dans un bistro !<br /> dumby
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